Clicky

Pourquoi encore construire dans un marais?

Cet article a été tiré d’une publication de l’ADEV

Avec l’autorisation de l’auteur

“Il est surprenant de voir encore en commissions départementales des demandes de construction sur une zone notée comme inondable ou submersible, par rapport au POS, par rapport aux lois sur l’environnement, aux constructeurs, au propriétaire du terrain et à la logique.

Les POS sont des procédures dépassées qui sont actuellement remplacées par des PLU ou Plans Locaux d’Urbanisme. Le PLU est plus contraignant et nécessite une réflexion globale plus longue. Comme le PLU risque d’être plus contraignant que le POS, les communes ont parfois conservé le maximum de temps le POS ancien. Des zonages anciens qui n’avaient effrayé personne il y a dix ans sont maintenus en zone d’urbanisation future NA alors que les relevés de l’Etat (plan d’expo aux risques) déclarent ces zones comme facilement inondables voire sensibles.

Les élus locaux vont répondre qu’il faut une crue exceptionnelle et que tout est prévu. Les pompes fonctionnent bien, les digues sont là et protègent le secteur.

Il est interdit de construire en zone humide mais il est si facile de passer de zone humide à une zone sèche: il suffit de remblayer la zone humide.

Vous me direz, c’est interdit mais je vous répondrai qu’en dessous d’une surface de 1ha (loi sur l’eau, une simple déclaration est nécessaire, on n’a pas besoin d’autorisation).

D’hectare en hectare la surface augmente vite car personne ne sait quoi faire des remblais sur la côte vendéenne. Si quelqu’un parle de sanction, l’entreprise répondra dépôt de bilan et mise au chômage, la pression est alors énorme sur les élus qui font partager leurs angoisses aux fonctionnaires chargés du dossier.

Les lois sur l’environnement stipulent qu’en zone humide des autorisations sont nécessaires, mais que faire devant des promoteurs.

- Les fossés seront conservés, on va faire une étude botanique qui va financer l’association locale de défense de l’environnement qui a besoins de payer ses salariés.

- Si une fleur rare est trouvée, il y en a aussi dans le pré d’à côté et des mesures compensatoires bien étudiées vont améliorer la gestion globale du milieu. On détruit ici mais on va améliorer là. Une petite amélioration dans le sens du développement durable est préférable à une stagnation.

Tout ce marais recevait des eaux du pluvial de la ville avec de nombreuses immondices. Le projet donnera une meilleure image de la station.

Les constructeurs pourraient donner leur opinion :

Sur l’argile instable les constructions bougent. Avant dix années les murs vont se fendre, les portes vont mal se fermer et le rêve va virer au cauchemar le soir à l’apéritif sous les nuées de moustiques.

Il y a des solutions techniques assurément, une dalle de béton, des pieux de 20 mètres jusqu’au calcaire, des joints de dilatation, pas de constructions ultérieures, et rehausser l’ensemble de la construction : mais le propriétaire trouve un peu cher le devis proposé.

Alors on fait vite et à l’économie. La génération suivante aura du remblai tout prêt lors de la destruction de la maison. On pourrait aussi construire dans une commune rétro littorale sur un terrain stable et meilleur marché mais on vend plus facilement un terrain d’une station balnéaire connue, car le terrain de marais est un peu moins coûteux.

Tout le monde ou presque est ravi,

le propriétaire vend plus cher que prévu avant que son terrain ne devienne inconstructible,
l’acheteur achète à un prix raisonnable dans une station connue,
le promoteur qui manquait de terrain à construire peut enfin conduire un nouveau projet,
l’association de défense de l’environnement a une étude et la gestion à l’intérieur d’un espace fragile,
le maire voit des constructions dans sa commune, l’entreprise peut garder ses ouvriers.

Les animaux ou végétaux divers, loutres, oiseaux, insectes, serpents, chauves souris, boutons d’or ou batraciens sont déjà très occupés à se manger entre eux, aucun n’a droit à la parole et c’est le bon dieu qui l’a prévu comme ça. J’en reviens aux moustiques, ils sont un désagrément notoire les soirs d’été et ils pourraient peut-être un jour transmettre le chikoungounia dans la métropole, c’est donc un geste sanitaire et salutaire d’éliminer leur milieu de vie.

Reprenez vos livres d’école et vous constaterez que les grandes civilisations (Egypte, Rome, Amérique du Sud, Asie) ont toutes profitées des zones dites insalubres. Même le Forum de Rome a été construit après l’assèchement des marais où débordait le Tibre grâce à la Cloaqua Maxima (le premier égout), c’était d’ailleurs le seul grand espace disponible intra muros.

Mais depuis ce temps :

- nous avons progressé dans la connaissance,
- nous savons que la biodiversité est une nécessité à la survie de l’espèce,
- nous savons lutter contre les fièvres de marais par l’hygiène et si nécessaire par des médicaments,
- par ailleurs les zones humides ont disparu depuis peu,
- nous savons que nous polluons toujours plus et que les lagunes naturelles que sont les marais vont corriger en partie nos erreurs avant le rejet dans la zone de reproduction des poissons et des coquillages.

Pour ces raisons :

IL EST ESSENTIEL DE PROTEGER LES ZONES HUMIDES

Il est donc préférable de construire sur le calcaire ou sur le sable, les PLU doivent éliminer les erreurs du passé,les associations de défense de l’environnement doivent agir pour empêcher ces erreurs et l’Etat doit imposer la même loi à tous.”

ON NE DOIT PAS CONSTRUIRE DANS UN MARAIS

RSS

Photos